Le dernier mot à la peinture / Marie Laure Desjardins

Pour arriver à ses fins, la peinture emprunte souvent des chemins de traverse. Des enthousiasmes surgissent parfois sans qu’il soit possible de les anticiper. Personne n’aurait pu prédire que l’intérêt de Pascal Vochelet pour elle naîtrait en feuilletant les pages d’un magazine de décoration. Bachelier, le jeune Normand entre à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de sa région, installée à Darnetal. D’emblée, il est fasciné par l’esprit poète de certains professeurs. « Je me souviens que l’un d’entre eux enterrait ses sculptures dans les jardins de l’école et les ressortait après plusieurs années. » La plupart exercent également à l’Ecole des beaux-arts de Rouen. L’enseignement même de l’architecture en est influencé. Leur approche plus artistique que technique vient conforter l’étudiant dans sa pratique de dessin et de peinture. Il commence à explorer matières et formats. Dans l’auberge de ses parents, non loin du Bec Hellouin, il montre son travail à un habitué à l’œil aguerri, le peintre russe Yuri Kuper. Timides au départ, les explorations s’affirment et les interrogations se font plus pressantes. Son DEFA en poche, il s’inscrit en Arts plastiques à l’Université de Picardie.

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Au sujet de la série Familiarité / Thimotée PICARD

 Le nouveau cycle de Pascal Vochelet, intitulé « Familiarité », a ceci de paradoxal que le peintre semble de prime abord s’éloigner de ce qui avait jusqu’à présent constitué le noyau de son œuvre : la représentation de la cellule familiale et, sous la quiétude apparente de son microcosme un peu lisse et sucré, les abîmes de ses non-dits, de ses tabous et de ses névroses. Il a en effet travaillé ici à partir de photographies d’inconnus prises à la dérobée dans la rue, ou sélectionnées sur Internet (quelquefois des interlocuteurs dissimulés par l’utilisation de pseudonymes) et, par le biais de ces moments volés, a imaginé l’univers de ces personnes, ce que pouvaient être leur histoire, leur environnement familier, leur généalogie fantasmatique, et même leur intériorité.

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Vanity fair

Génèse des portraits

« Peindre un visage et s’intéresser à l’individu, avoir l’ambition de le dévoiler, d’être témoin de sa vie intérieure à une époque où des « portraits » peuplent en masse les réseaux sociaux ( là où l’intimité devient marchande à notre insu : reconnaissance faciale, géolocalisation, analyse des données) me questionne. Quel portrait me reste t-il à peindre sans exposer son propriétaire ? Comment échapper à ce système hyper-intrusif ? Dans cette perspective, et alors que j’avais envie de peindre les portraits de mes proches, j’ai collecté sur internet des photos d’individus (que je ne connais pas) ayant des caractéristiques de visages similaires. Et à partir de ces « documents », je recompose un visage qui tend vers cette personne dont je veux réaliser le portrait. C’est ce doute dans la ressemblance qui m’intéresse. Ce moment où le visage de l’autre m’échappe et commence à entrer en furtivité. » Pascal Vochelet

Techniques mixtes sur toile ou sur bois / 80x60cm