Un atelier, rue Saint Pierre
Pénétrant dans l’ atelier de Pascal Vochelet (Monsieur Paul), nous sommes séduits par ses tableaux débordant de personnages, d’animaux de formes reconnaissables ou pas, lunes, minuscules villages, silhouettes, ici chevauchant un chameau à museau triangulaire, ailleurs amoureusement enlacées. On savoure les Collages historiques: Don Quichotte (est) à Cuba ; le cavalier d’Equilibre n’a plus qu’un corps sans tête, Le Saint a un quadrupède pour écharpe …
Cette rencontre détermine notre désir d’ exposer ses oeuvres.
Tout un chemin a été parcouru par Pascal Vochelet depuis ses premiers essais de peintre prenant une pomme pour modèle jusqu’aux récents Collages historiques : leur univers saturé, jubilatoire, situé « quelque part entre les histoires d’enfance et la comédie humaine » ,nous intrigue par tout ce qu’il a en lui d’indéfini : rêve ou amorce de cauchemar ? On ne sait. Personnages et animaux ne semblent pas nous voir, pris qu’ils sont dans leur monde, celui de contes pas encore écrits.
Les peintures de Pascal Vochelet s’organisent en différentes séries qui se développent non par poussées successives, mais comme les branches d’un seul arbre où grouillent et circulent des visages, des vies et des scènes de vie regardées de loin avec de la dérision, de la cruauté parfois, et une tendresse sans épanchement nourrie aussi bien par des souvenirs d’enfance – la campagne normande, les clients de l’hôtel tenu par sa famille – que par des images glanées en feuilletant une revue: mains, têtes, silhouettes, groupes de personnages disposés sur la toile, amorcent le tableau que le travail du peintre fera surgir en reliant entre eux tous ces fragments.
Dans les séries Familiarités et Ascendance où son regard se concentre sur un personnage, parfois deux ou trois, Pascal Vochelet se fait portraitiste d’une humanité montrée sans complaisance, comme dans le travail de clown, sillon parallèle qu’il laboure depuis plusieurs années: des morceaux de corps sont décalqués, imprimés, découpés, rapportés sur les supports; souvent, les visages sont des masques de rhodoïd peints et appliqués sur la toile, collés à des corps préexistants: une petite tête de chien surmonte un mastodonte en uniforme.
Comme dans les rêves les images peuvent se recomposer pour en produire de plus exubérantes: ainsi les Dessins Bohèmes convergent pour produire les Collages historiques.
Le monde de Vochelet se fait parfois plus silencieux. Les dessins de la série Punk attitude inscrivent dans une feuille de papier vide des têtes d’animaux sur des esquisses de corps avec, en amulette, le petit crâne qu’on retrouve dans la série Vanity fair.
L’humour n’est pas absent de ces dessins: un clin d’oeil au titre d’un célèbre journal de mode se mêle à la traditionnelle méditation sur la mort, un peu comme dans l’art du clown où l’émotion et le rire ne font plus qu’un.
Artothèque Antonin Artaud